Une victime est une personne ayant subi un préjudice, notamment une atteinte à son intégrité physique ou mentale, une souffrance morale, une perte matérielle ou une atteinte grave à ses droits fondamentaux, en raison d’actes ou d’omissions.
Il n’existe pas de victime type ; n’importe quel enfant ou adulte peut être victime de violences sexuelles.
Les victimes mettent plus de 12 ans à parler après les faits (MTV / Ipsos, 2019)
94% des agresseurs sont des proches, pour 1 enfant sur 2 par un membre de sa famille
(Association Mémoire traumatique et victimologie, Mars 2015)
L’injonction au silence reste constante : les agresseurs sont bien souvent ceux qu’on aime. La peur de devoir dénoncer un proche et de le perdre ou de ruiner l’unité familiale prend souvent le pas sur la volonté de s’exprimer. Aussi l’enfant peut penser que l’adulte est dans son droit et que ce qu’il subit est “normal”, surtout si par ailleurs son agresseur se montre gentil et attentionné à son égard.
La culpabilité est le sentiment le plus intense, augmentée lorsque la victime connaît son agresseur. La victime choisit inconsciemment un chemin moins douloureux en se persuadant que l’adulte est toujours bienveillant et donc que ce qui est arrivé est sa faute à elle.
Les plus jeunes ne sont pas en mesure de voir la gravité d’un événement, les enjeux et les conséquences. Leur immaturité ne leur permet pas de différencier le bien du mal, ni de s’opposer aux adultes. A la recherche d’amour, d’affection, d’attention et animés par la curiosité : ils peuvent accepter l’activité sexuelle avec l’adulte abuseur. Il est également possible que l’enfant ne dise rien par absence de langage ou manque de vocabulaire.
Quant aux plus grands, la crainte de ne pas être entendus et crus par l’entourage, le sentiment de honte, la peur des représailles, l’impossibilité de recourir aux aides disponibles ou de faire valoir leurs droits sont quelques-unes des causes les conduisant à taire les violences subies.
Le milieu sportif peut être propice aux agressions car les contacts physiques sont souvent nécessaires et il existe une grande tolérance pour les violences physiques. Il y a un déséquilibre dans le rapport de force entre les entraîneurs et les athlètes dans lequel un système de récompense s’immisce. Aussi, les vestiaires, les douches, le covoiturage, les nuits hors de la maison sont des situations de risques potentiels.
La peur de déranger, de l’agresseur, de ne pas être cru, la honte et la culpabilité sont souvent les freins qui réduisent au silence. Une victime révèle ce qu’elle a subi souvent des années après. Elle essaie d’oublier ce qu’elle a vécu et de se comporter de la manière la plus “lisse” possible, en cachant ses réactions émotionnelles envahissantes.
Cependant, pour de nombreuses victimes, ce comportement aura tendance à aggraver la situation. En effet, en refoulant leurs émotions, elles peuvent être amenées à revivre le traumatisme dès qu’un élément y fait référence. Cette perte de contrôle quotidienne entraîne un sentiment d’impuissance, de désespoir et de perte de confiance en soi. Aussi, il est fréquent que les victimes soient porteuses de maux : des tentatives de l’indicible, des signaux de détresse.
1 victime sur 2 agressée pendant l’enfance a tenté de se suicider (Association Mémoire traumatique et victimologie, Mars 2015)
70% des victimes subiront au moins une autre agression à caractère sexuel au cours de leur vie
(Association Mémoire traumatique et victimologie, Mars 2015)
Ce chiffre surprend et pose question mais s’explique par différents fonctionnements. En effet, si les violences sexuelles sont perpétrées par une personne de confiance ou d’amour, l’enfant victime peut considérer que c’est un comportement « normal » et de fait en subir à nouveau.
Aussi, si l’enfant ne parle pas, il se retrouve seul dans une situation qu’il ne comprend pas. Il peut donc être à nouveau abusé afin de tenter de mettre du sens à ce qu’il lui est arrivé.
En psychanalytique, le concept de compulsion de répétition démontre qu’il est rassurant pour l’humain d’aller vers une relation qu’il connaît, étant attiré par des relations semblables à celles qu’il a vécues. Même si elles ont été dysfonctionnelles, le cerveau va s’orienter vers des schémas de relations connues (zone de confort) plutôt que de relations nouvelles (zone d’inconfort). Le psychisme se construit sur des schémas d’expériences qui sont répétés et reproduits.
Malgré toute la bonne volonté d’une personne à vouloir changer ou éviter ces fonctionnements, elle peut être amenée à les reconduire.
96% des victimes déclarent avoir des impacts sur leur santé mentale (IVSEA, 2015)
70% sur leur santé physique (IVSEA, 2015)
50% font des tentatives de suicides (IVSEA, 2015)
L’impact des violences sexuelles sur la santé des victimes est particulièrement important et il est urgent et indispensable que les victimes de violences sexuelles puissent bénéficier de soins et d’une prise en charge adaptée. Mais pour y parvenir, parler est la clé !
Néanmoins, il est essentiel de trouver une personne de confiance vers laquelle se tourner. S’il est trop difficile de verbaliser oralement ce qu’il s’est passé, écrire une lettre peut être plus facile pour commencer. Une fois le premier pas fait, le sentiment de ne plus être seul avec ce secret a pour vertu un soulagement.
Seules 23% des victimes de viol ont bénéficié d’une prise en charge médico-psychologique spécialisée (Enquêtes IVSEA, 2015 et Ipsos 2019)
Il existe de nombreuses thérapies, en voici quelques-unes :
8% de viols font l’objet d’une plainte (Enquête IPSOS 2019)
Pour une victime, porter plainte peut avoir une portée symbolique. En effet, elle porte la plainte puis la dépose, c’est-à-dire qu’elle extériorise ce qu’elle porte en elle. Cela permet de sortir de cette confusion car il y a une inscription de ce qu’elle a vécu hors du corps : dans un dossier.
La reconnaissance par la justice d’une transgression par la qualification de faits donne à la victime une place et désigne un auteur. Le statut de victime est alors donné par un représentant de la loi pénale.
Porter plainte permet également à la victime de s’en remettre à d’autres personnes qui pourront l’accompagner dans ses démarches, notamment judiciaires et psychologiques.
Un enfant victime de violences peut parler de ce qu’il subi à un adulte et il est important qu’il soit immédiatement écouté et entendu ! S’il se confie à vous, c’est qu’il vous considère comme une personne de confiance qui pourra l’aider.
Si vous avez identifié des changements de comportement chez un enfant dont vous êtes proche, vous pouvez lui tendre la main en ouvrant l’espace de parole, à un moment opportun où il sent que vous êtes disponible pour l’entendre.
L’enfant doit se sentir dans un climat de confiance pour pouvoir révéler un événement qui l’a profondément choqué.
Dans les deux situations, il est essentiel de :
L’enquête doit être uniquement diligentée par des professionnels afin de ne pas nuire à son bon déroulement et il ne faut pas prévenir l’agresseur des dires de l’enfant.
Les conseils qui suivent sont destinés à servir de fondement pour aider à comprendre comment favoriser des interactions sécuritaires, bienveillantes et sans jugement lorsqu’un adulte se confie :
Certaines personnes qui ont subi des violences sexuelles souhaitent simplement être écoutées avec compassion et empathie. Les réactions bienveillantes de personnes qui apportent leur soutien peuvent contribuer à atténuer le traumatisme.
Si vous êtes victime ou témoin de violences, vous pouvez être écouté et orienté par des professionnels en appelant des numéros de téléphone dédiés et en contactant des associations présentes sur tout le territoire.
LE 119 : « ALLÔ ENFANCE EN DANGER », numéro national dédié à la prévention et la protection des enfants en danger ou en risque de l’être.
24h/24 et 7jours/7, ce numéro est gratuit et n’apparaît pas sur les relevés téléphoniques.
Un formulaire en ligne permet aussi d’alerter sur une situation : www.allo119.gouv.fr
Le 3018 : « NET ÉCOUTE » numéro national pour les jeunes victimes de violences numériques (cyber harcèlement, revenge porn, chantage à la webcam, piratage de compte…). Gratuit et anonyme, du lundi au samedi de 9h à 20h.
LE 3020 : « NON AU HARCÈLEMENT » numéro national dédié au harcèlement scolaire pour les jeunes harcelés et harceleurs, leurs parents et les professionnels.
Gratuit et anonyme, du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h (sauf les jours fériés).
LE 3919 : « VIOLENCES FEMMES INFO », numéro national destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés.
Gratuit et anonyme, du lundi au vendredi de 9h à 22h et du samedi au dimanche de 9h à 18h.
LE 116 006 : numéro d’aide pour les victimes de violences (vol, violences physiques, sexuelles, accident…). Gratuit et anonyme, 7j/7 de 9h à 19h.
Parmi les associations spécialisées dans la prise en charge des victimes, il y a notamment :
FRANCE VICTIMES est une fédération française regroupant 130 associations professionnelles, spécialisées dans l’aide aux victimes sur tout le territoire.
L’objectif de cette fédération est de promouvoir et développer l’aide et l’assistance aux victimes, les pratiques de médiation et toute autre mesure contribuant à améliorer la reconnaissance des victimes. Consulter le site : www.france-victimes.fr
LES CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles), 106 centres sont répartis sur l’ensemble du territoire français proposant aux femmes victimes de violences des permanences d’information, d’orientation et d’accompagnement notamment juridique. Consulter le site : www.infofemmes.com
La Voix de l’Enfant est une fédération d’associations qui a pour but l’écoute et la défense de tout enfant en détresse. Elle intervient avec ses associations membres dans de nombreux pays. L’association Colosse aux pieds d’argile en est membre. Consulter le site : www.lavoixdelenfant.org